A l’instar des autres pays du monde, le Maroc connait une hausse significative des cas de covid-19. Les spécialistes joints par « Le Matin » s’attendent à ce que la montée en flèche se poursuive dans les mois à venir mais sans pour autant atteindre les pics précédents en termes de cas et d’hospitalisations. Ils ne s’attendent pas à un retour des restrictions draconiennes mais appellent la population à la prudence.
Le nombre de cas Covid-19 est en hausse au Maroc depuis quelques semaines, suscitant une préoccupation croissante au sein de la population. Ceci était attendu par les spécialistes eu égard à la situation épidémiologique dans le monde qui connait l’émergence d’un nouveau sous-variant baptisé « Eris » qui se caractérise par une transmissibilité accrue. Les chiffres annoncés par le ministère de la Santé et de la protection sociale font état de 161 cas en une semaine.
De l’avis de Dr Mouad Mrabet, coordinateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique du ministère de la Santé, ce chiffre n’est pas inquiétant. Pour lui, ce chiffre peut bel et bien être annonciateur d’une nouvelle vague. « Ceci serait confirmé ou infirmé courant cette semaine », précise-t-il avant d’avancer plusieurs hypothèses pour l’évolution de la situation épidémiologique au Maroc. Selon lui, on peut effectivement être dans une phase ascendante d’une nouvelle vague Covid-19. « Il est également possible que la médiatisation mondiale des variants actuellement en circulation, notamment Eris et le BA-28 incite potentiellement la population à recourir plus fréquemment aux services de santé et à se soumettre aux tests de dépistage », pense-t-il. Et d’ajouter que cette dernière hypothèse pourrait être retenue pour expliquer l’augmentation potentielle des cas dans les semaines à venir.
Vacances, festivités…d’autres explications de la hausse des cas
Interpellé sur ce sujet, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, confirme que la hausse des cas était prévu. Il est aussi convaincu que sur le plan épidémiologique, ceci va se poursuivre dans les semaines, voire les mois à venir. Il tient, toutefois, à noter que la nouvelle situation s’explique, entre autres, par les rassemblements qui ont eu lieu durant la période des vacances. Une période, rappelle-t-il, qui connait habituellement des festivités, des déplacements inter-villes voire à l’étranger ou tout simplement des rencontres familiales. Dr Hamdi ajoute une autre raison, qui n’est pas des moindres. Il s’agit de l’affaiblissement de l’immunité. « Les Marocains ne font pas les rappels de vaccins. Ceci-dit, plus le temps passe, plus l’immunité s’affaiblit, ce qui expose les individus, particulièrement les vulnérables au risque de refaire des infections », alerte-t-il.
Eris, aucun cas au Maroc mais le risque est présent
A l’heure où nous mettions sous presse, aucun cas du nouveau sous-variant « Eris » n’a été enregistré au Maroc. Les experts que nous avons contactés n’excluent pas l’hypothèse que ce nouveau variant fasse son entrée au Maroc et qu’il soit même porteur de la nouvelle vague. Selon Dr Mrabet, Eris est une lignée descendante d’Omicron qui avait déjà montré une augmentation continue de la prévalence dans le monde. « Il représente actuellement 21,1% des cas dans le monde et il est présent dans au moins 50 pays », détaille-t-il. Le médecin ajoute aussi que ce nouveau sous-variant pourrait contribuer à une augmentation des cas Covid-19 et des hospitalisations dans les semaines à venir. Sur un ton plutôt rassurant, Dr Mrabet indique que les organismes internationaux s’attendent à ce que ces indicateurs n’atteignent pas les pics précédents de cas et d’hospitalisations.
Possibilité de retour aux restrictions ?
Interrogés sur le risque du retour aux restrictions draconiennes, nos interlocuteurs sont convaincus que « c’est du passé » et qu’aucun retour en arrière n’est envisagé, sauf si un nouveau sous-variant plus transmissible et plus virulent fasse son apparition. « Certaines mesures comme le port du masque et la distanciation seront toujours utiles pour se protéger et protéger son environnement », recommande Dr Hamdi. Et d’ajouter que l’aération est aussi une mesure à adopter compte tenu de son efficacité. Pour appuyer ses propos, le médecin note que la majorité des cas Covid-19 sont enregistrés dans les espaces clos qui favorisent la transmissibilité du virus.
Une précision d’une ultime importance : 4 Marocains sur 5 ont reçu au moins 2 doses de vaccins. « On peut dire donc que les Marocains ont immunité mixte et hybride, ce qui les protège contre les formes graves de la maladie et les décès », annonce-t-il. Ceci est rassurant, certes, mais pas pour les vulnérables, notamment les personnes âgées et celles ayant des maladies chroniques. Les médecins appellent à activer la vaccination pour protéger cette catégorie de la population, tout en soulignant que les efforts doivent être conjugués pour dépasser cette nouvelle phase.
LE MATIN