Par Hassan Alaoui
C’est un tournant inédit et décisif que le dossier du Sahara marocain semble vivre. En effet, en plus du nouveau soutien solennel des Etats-Unis à l’Initiative d’autonomie du Maroc, proclamé solennellement, l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura s’est vu convoqué et pressé de réactiver sa mission pour un règlement rapide du conflit. Quatre exigences viennent de lui être rappelées par la Maison Blanche : Pas de règlement du conflit en dehors de l’Autonomie ; abandon définitif de l’option de référendum défendu par Alger ; redéfinition de la mission de la Minurso qui doit être l’accompagnatrice de tout règlement au Sahara ; enfin l’acceptation par l’Algérie de son rôle d’acteur impliqué et concerné dans cette affaire…
Ainsi donc, l’Administration de Donald Trump reprend-elle à son compte le règlement de l’affaire du Sahara. Tout porte à croire qu’après de longues et interminables tergiversations, ce dossier pourrait enfin obéir à cette règle de « Pax americana » qui est à la paix dans le monde ce que la Realpolitik est à sa méthode.
La séance de travail de ce lundi 14 avril
Ce lundi 14 avril 2025 se tiendra aux Nations unies une séance de travail très attendue : elle réunion les membres du Conseil de sécurité et l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura, diplomate italo-suédois, âgé aujourd’hui de près de 78 ans, désigné depuis le 22 mai 2019 ans à cette fonction pour assumer la tâche de « missi dominici » ! Il succédait à Horst Köhler qui s’était heurté au blocage du gouvernement algérien et se voyait empêché de mener à bien sa mission, notamment la tenue des fameuses « tables rondes » entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le polisario.
Il convient de rappeler également que lors de sa rencontre vendredi dernier à Washington avec Lisa Kenna, sous-secrétaire d’Etat aux affaires politiques, celle-ci a souligné à Staffan de Mistura que « le plan d’autonomie » proposé et défendu par le Maroc est l’unique et seule solution du conflit du Sahara. S’il a été maintenu jusqu’à la fin de 2026, sous la pression des Etats-Unis, sa mission devrait rester attachée à l’esprit qui avait marqué sa désignation il y a six ans.
Rappelons que le communiqué qui avait accompagné sa désignation en 2019 indiquait explicitement que « le nouvel Envoyé personnel offrira ses bons offices au nom du Secrétaire général. Il travaillera avec les interlocuteurs concernés, dont les parties, les pays voisins et les autres parties prenantes, guidé par la résolution 2548 (2020) du Conseil de sécurité et les autres résolutions pertinentes. » Voici qui avait donc le mérite de la clarté ! Cinq ans ont passé, et l’on est en droit de s’interroger sur la teneur conséquente de cette affirmation qui est aussi l’émanation d’une Résolution pertinente. Deviendrait-elle tout simplement un vœu pieux à l’instar des vingt-quatre autres résolutions votées depuis avril 2007 ?
Là où les prédécesseurs de De Mistura avaient échoué, allait-il y réussir ? Bien entendu que non ! A cela plusieurs causes et plusieurs conséquences aussi. Qu’elle qu’ait été sa meilleure volonté- et dira-t-on aussi au regard de sa longue expérience -, Staffan de Mistura a manqué le tournant décisif dans sa mission, celui notamment d’exercer la pression nécessaire sur le gouvernement algérien qui s’est joué constamment de la règle de droit internationale et, on ne le dira jamais assez, continue de piétiner les résolutions du Conseil de sécurité. Ayant joué la perfidie dès le départ dans l’affaire du Sahara et perverti la fameuse 4ème Commission de l’ONU, chargé du problème de décolonisation des territoires non autonomes, l’Algérie s’est emparée de cette Commission, mobilisant une batterie de moyens, ses lobbies et ses juristes pour violer sa mission, la détourner en somme.
Elle a joué sur le principe de décolonisation par celui de l’autodétermination , profitant du succès de celle-ci qui, à cette époque des années soixante, soufflait comme un vent fort sur la planète. Or, le premier effet de cette malversation jouée au cœur de la 4ème Commission est ses membres n’ont jamais tenu compte du principe opposé à celui de l’autodétermination, à savoir l’intégrité territoriale. La Résolution 1514, votée en 1960 qui sert de sol intangible à toute affaire de ce genre, ne comporte-t-elle pas ces deux dimensions, à la limite non opposables et tout compte fait opératoires ? N’est-il pas dit, par ailleurs, que tout problème de décolonisation pourrait être réglé dès lors que les deux parties concernées, disons un occupant et un peuple occupé, se mettaient à la même table pour négocier et aboutir à un règlement ? Le Maroc, l’Espagne en l’occurrence n’avaient-ils pas signé l’Accord de Madrid un 14 novembre 1975 par lequel l’Espagne rétrocédait pacifiquement le territoire du Sahara à son ayant-droit, le Royaume du Maroc ?
La décolonisation du Sahara, autant le dire et souligner pour la gouverne de M. De Mistura, a été dûment et solennellement effectuée et réalisée en 1975 par un accord officiel et solennel sur lequel, sauf à se déjuger, l’ONU et la communauté internationale ne sont jamais revenues. L’Algérie a dépensé la bagatelle de pas moins de 500 Milliards de dollars pour combattre cette réalité historique et politique intangible. Dans toutes ses déclarations, le président Abdelmajid Tebboune ne cesse de déclamer à qui veut l’entendre que « les frontières et le territoire d’Algérie est intouchable et qu’elle ne permettra à quiconque de le violer… » !
Bien sûr, nous en convenons ! Sauf que l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc est également et même plus qu’inviolable ! Notre pays, dépecé en 1960-62 par la France au profit de l’Algérie qui occupe et colonise pas moins de dix contrées au Sahara oriental, ne se résignerait jamais à une nouvelle amputation de son territoire. L’affaire est ainsi close et « la messe est dite » !
L’affaire du Sahara est marquée par deux paradigmes : l’irréversiblité et la légitimité de sa marocanité, chaque jour renforcée par le soutien de la communauté mondiale ; et la violation obsessionnelle de la règle de droit par l’Algérie. La toute récente évolution de ce dossier nous en dit long sur le tournant qui s’opère sous nos yeux, savoir la réaffirmation par les Etats-Unis au niveau le plus haut de leur soutien au Maroc, la fin prévisible de la Minurso , initialement chargée depuis 1991 par le Conseil de sécurité de la mise en œuvre du Plan de règlement et, pour peu que l’on y prête attention un éventuel retrait du dossier du Sahara de la triste et inutile Quatrième Commission qui a été depuis 1975 colonisée et manipulée par Alger.
Maroc diplomatique
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