La collaboration entre le Maroc et la Russie, déjà fructueuse dans le domaine des céréales, s’étend également aux ressources halieutiques, consolidant un partenariat stratégique qui gagne en intensité. Un nouvel accord a été annoncé, autorisant la flotte russe à capturer jusqu’à 10 000 tonnes de poissons pélagiques, notamment des sardines, des maquereaux et des anchois, dans les eaux atlantiques marocaines.
L’autorisation accordée aux navires russes s’inscrit dans le cadre d’un partenariat initié en 2020 et régulièrement reconduit. L’accord, d’abord limité dans le temps, a été prolongé jusqu’à la fin de cette année, tandis que des discussions sont en cours pour établir une coopération durable et à long terme. Ce renouvellement marque une volonté mutuelle d’intensifier les échanges économiques, en particulier dans le secteur de la pêche, où les intérêts russes convergent avec l’expertise et les ressources marocaines.
Outre la capture de poissons pélagiques, l’accord encadre plusieurs volets stratégiques notamment la recherche et innovation, le transfert de compétences et la surveillance et régulation.
Ce partenariat est également soutenu par des études scientifiques réalisées par les autorités marocaines, permettant un ajustement des quotas annuels de pêche en fonction de l’état des stocks halieutiques. Actuellement, la limite globale de capture pour la flotte russe s’élève à 140 000 tonnes par an, un chiffre révisable selon les besoins de conservation.
Le Sahara marocain, un point névralgique de la coopération
Un aspect notable de cette collaboration est l’inclusion des eaux situées le long du Sahara marocain. Malgré les hésitations de quelques pays à voir à réalité, le Maroc insiste sur sa souveraineté, une position que la Russie semble respecter en s’engageant dans des accords qui incluent explicitement ces zones.
La décision de la Cour de justice européenne d’annuler les accords de pêche entre l’Union européenne et le Maroc, en raison de l’inclusion du Sahara marocain, a créé un vide que des acteurs comme la Russie cherchent à combler. Cependant, le Maroc précise que ses discussions avec la Russie étaient déjà bien avancées avant ce jugement, soulignant que sa politique de coopération repose sur le respect de son intégrité territoriale.
Au-delà de la pêche, la coopération maroco-russe s’étend au commerce des céréales, un secteur important pour les deux pays. La Russie est un fournisseur majeur de blé pour le Maroc, répondant à une demande en raison de l’insécurité alimentaire mondiale exacerbée par les aléas climatiques. Cette interdépendance dans le domaine agricole témoigne d’une complémentarité économique prometteuse, renforcée par une volonté commune de diversifier les échanges commerciaux.
Les discussions en cours pour prolonger et étendre l’accord halieutique traduisent une ambition partagée d’inscrire cette collaboration dans une dynamique durable. Pour la Russie, accéder aux eaux poissonneuses du Maroc offre une opportunité stratégique, à la fois pour répondre à ses besoins internes et pour renforcer sa présence économique en Afrique.
Pour le Maroc, ce partenariat s’inscrit dans une stratégie de diversification de ses partenaires économiques, particulièrement dans un contexte international marqué par des tensions géopolitiques. En s’associant à des acteurs comme la Russie, le Royaume démontre sa capacité à valoriser ses ressources tout en consolidant des alliances respectueuses de ses intérêts souverains.
L’alliance maroco-russe, fondée sur des intérêts convergents et un respect mutuel, s’affirme comme un modèle de coopération bilatérale efficace. Qu’il s’agisse des céréales ou des ressources halieutiques, ce partenariat ne cesse de prouver son potentiel stratégique, illustrant une diplomatie économique proactive et pragmatique.
Maroc diplomatique