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21 novembre 2024
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Opposition Vs gouvernement: le point de non-retour?

Les relations entre l’opposition et le gouvernement se dégradent à vue d’œil. L’opposition accuse l’Exécutif et sa majorité de chercher à la réduire au silence et de porter ainsi un coup fatal au pluralisme et au rôle du Parlement. Explications.
Jamais les relations être l’opposition et le gouvernement n’ont été aussi exécrables. Depuis le début du mandat de l’actuel gouvernement, ses ministres et sa majorité multiplient les clashs avec les représentants de l’opposition, quitte parfois à déboucher sur des situations inextricables et qui ne rendent service ni à l’image de l’institution ni à l’action législative.
«Ce qui est différent avec ce gouvernement est que son chef, ses ministres et sa majorité méprisent l’opposition et se croient en dessus de toute forme de critique», se désole un député de l’opposition. Des exemples? Il y en a à la pelle. Le 24 avril, Aziz Akhannouch, lors des débats qui ont suivi la présentation du bilan à mi-mandat de son équipe, aura cette réponse aux critiques soulevées par les partis de l’opposition: «Ce que vous dites m’importe peu. Ce qui importe pour moi, c’est l’opinion des citoyens qui m’ont porté à la responsabilité.» C’est dire.
Prise de parole? Revenez plus tard!
Nous sommes le 24 juin en pleine séance des questions orales à la Chambre des représentants. À la fin de cette séance, des élus de l’opposition voulaient user des droits que leur octroie l’article 152 du règlement intérieur pour prendre la parole ou ce qu’on appelle également «le droit d’informer»: soulever une question ayant un caractère urgent et d’intérêt général.
En principe et sur le papier, user de ce droit est possible à condition d’en avertir le bureau de la chambre 24 heures à l’avance qui, à son tour, avise le gouvernement. Dans la pratique, l’interprétation qui est faite de l’article 152 par la majorité complique les choses. «Depuis le début de ce mandat, il nous a été permis de recourir à cet article à deux reprises seulement et c’est anormal», déclare pour Le360 Driss Sentissi, chef du groupe du Mouvement populaire (MP).
Après un vif échange entre députés de l’opposition et ceux de la majorité, les premiers décident de se retirer. La séance ne reprendra qu’une heure plus tard.
«User de cette prise de parole ne doit pas poser de problème en théorie, mais la majorité en a décidé autrement», commente Driss Sentissi.
Car, selon l’interprétation de la majorité, la décision d’autoriser, ou non, une prise de parole est prise au niveau du bureau de la Chambre des représentants qui se réunit généralement chaque lundi. Donc, si un député formule une demande dans ce sens un mardi, il devra attendre presque une semaine pour avoir une réponse. Négative dans la majorité des cas.
«Le bureau de la chambre décide généralement selon sa propre appréciation de ce qui est urgent ou non, et ne fournit aucune justification pour ses refus. La crise des facultés de médecine n’a-t-elle pas un caractère urgent? La hausse des prix non plus?», s’interroge Driss Sentissi.
Commentaire très éloquent de Rachid Hammouni, président du groupe du Parti du progrès et du socialisme (PPS): «Si l’article 152 dérange autant la majorité, elle n’a donc qu’à changer le règlement intérieur et l’amender.»
Les élus de la Nation? Plutôt les réseaux!
Avant le clash de ce lundi 24 juin, un autre, tout aussi parlant, a eu lieu juste après la présentation du bilan à mi-mandat du gouvernement Akhannouch. Les partis de l’opposition voulaient convier certains ministres à venir détailler le bilan de leurs départements devant les commissions permanentes.
«Nous voulions des bilans chiffrés, pointer les lacunes et aider à trouver des issues», affirme un député de l’opposition. Encore une fois, le bureau de la chambre, que préside le leader RNIste Rachid Talbi Alami, a refusé catégoriquement ces demandes. Manière de répondre: «le chef a parlé, on tourne la page».
«La vérité est que ce gouvernement veut éviter à tout prix qu’on interroge par exemple le ministre de l’Agriculture sur le scandale de l’Aïd Al-Adha avec des centaines de milliers de familles privées de mouton ou alors la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille sur les ratages de son département», réagit un élu de l’opposition.
À la place, les ministres ont choisi (on parle aussi d’une consigne du chef de l’Exécutif) d’investir les réseaux sociaux pour parler de leurs bilans respectifs à mi-mandat. Des capsules, élaborées par leurs services Com’ circulent sur les réseaux.
Chakib Benmoussa, Mohamed Sadiki et Aziz Akhannouch lui-même sont partis s’exprimer au «Café citoyen», une initiative commune entre le gouvernement et le Mouvement citoyen, organisation de la société civile réputée proche du RNI. Ainsi, le ministre de l’Agriculture y a eu droit à une heure et vingt minutes de temps de parole, sans réel contradicteur et sans suer. Et tout cela pour 173 vues en deux semaines!
À moins d’un changement d’attitude envers l’opposition de la part du gouvernement et de sa majorité, les choses risquent d’empirer davantage. Les deux parties, en attendant, auront l’occasion de fourbir leurs armes pendant la trêve estivale à partir de fin juillet. Avant de reprendre les hostilités, pour de bon, lors de l’examen et des débats autour du PLF 2025.
Par Mohammed Boudarham et Youssef El Harrak

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