Le Niger est plongé dans une crise politique depuis le 26 juillet, date à laquelle des militaires de la garde présidentielle ont renversé le président élu Mohamed Bazoum, en prenant d’assaut le palais présidentiel à Niamey. Les putschistes, qui ont annoncé la formation d’un Conseil national de salut public (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle, ont justifié leur acte par “la dégradation de la situation sécuritaire, économique et sociale” du pays, et ont promis d’organiser des élections “libres et transparentes” dans un délai raisonnable.
Le coup d’État a été fermement condamné par la communauté internationale, notamment la France, les États-Unis, l’ONU, l’Union africaine et la Cédéao. Cette dernière, qui regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest, a tenu un sommet extraordinaire le 28 juillet, sous la présidence du chef de l’État nigérian Bola Tinubu, nouveau patron de l’organisation régionale. À l’issue de cette réunion, la Cédéao a pris des sanctions “très dures” à l’encontre du Niger, avec “effet immédiat”. Parmi ces mesures figurent :
–La suspension du Niger de toutes les instances de décision de la Cédéao
-La fermeture des frontières terrestres et aériennes entre le Niger et les pays membres de la Cédéao
-L’interdiction de survol de l’espace aérien de la Cédéao à tout aéronef en provenance ou à destination du Niger
-Le gel des avoirs financiers et monétaires de l’État du Niger et des entreprises publiques et parapubliques du Niger dans les banques centrales et commerciales des pays membres de la Cédéao
-La suspension de toute assistance financière en faveur du Niger par les institutions de financement de la Cédéao
-L’interdiction de voyager, le gel des avoirs ainsi que la confiscation des biens des auteurs du coup d’État et de leurs complices civils ou militaires, ainsi que de leurs familles
La Cédéao a également donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes pour libérer et réinstaller le président Bazoum, faute de quoi “toutes les options sont ouvertes”, y compris une intervention militaire. Elle a également annoncé une réunion d’urgence des chefs d’état-major des pays membres pour préparer un éventuel déploiement de troupes au Niger.
De son côté, l’UEMOA, qui regroupe huit pays d’Afrique de l’Ouest partageant le franc CFA, a tenu un sommet spécial sur le Niger le 29 juillet. Elle a pris des sanctions similaires à celles de la Cédéao, en y ajoutant la suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays membres et le Niger, y compris celles portant sur les produits pétroliers, l’électricité, les biens et services. L’UEMOA a également réaffirmé que le seul et unique chef d’État du Niger est le président Bazoum, et que seuls les actes officiels émanant de lui et de ses représentants sont reconnus par l’organisation.
Ces sanctions visent à isoler le régime putschiste et à exercer une pression maximale pour obtenir le retour à l’ordre constitutionnel au Niger. Elles risquent cependant d’avoir un impact négatif sur la population nigérienne, déjà confrontée à une situation humanitaire difficile. Le Niger est en effet l’un des pays les plus pauvres du monde, classé dernier sur l’indice de développement humain. Il fait face à des défis majeurs en matière de sécurité alimentaire, d’accès à l’eau potable, d’éducation, de santé et d’environnement. Il est également confronté à des menaces sécuritaires récurrentes, liées aux groupes terroristes qui sévissent dans la région du Sahel.
Face à cette situation, des manifestations de soutien au président Bazoum ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Niamey, où des milliers de personnes ont défilé le 28 juillet, brandissant des banderoles et des drapeaux. Les manifestants ont exprimé leur attachement à la démocratie et leur rejet de toute tentative de prise de pouvoir par la force. Ils ont également appelé à la libération du président Bazoum et à la restauration des institutions de la République.
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