Lundi 1er mars 2021, le département Bourita annonce la suspension de toute coopération avec l’ambassade de Berlin, les organisations affiliées et les fondations politiques allemandes établies au Maroc.
“Le contexte de cette décision n’est pas clair“, a réagi mardi 2 mars le ministère allemand des Affaires étrangères, après avoir sollicité l’ambassadeur du Maroc à Berlin, Madame Zohour Alaoui, pour des “éclaircissements” au sujet de cette décision.
L’hostilité de Berlin à la marocanité du Sahara, laquelle a redoublé de férocité suite à la décision US, est certainement la goutte qui a fait déborder le vase.
Berlin n’a d’ailleurs pas fait l’exception en la matière, des informations font état de “coordination” entre Madrid et Berlin pour tenter de pousser le président Biden à revenir au statu quo ante. Sur ce point, il n’est pas exclu que Madrid et Berlin se soient passé le mot pour faire bloc uni contre un prétendu “unilatéralisme” US et tenter de faire revenir la question à la case de départ, en plaidant la reprise du processus onusien- même si ledit processus s’est avéré infructueux en raison du cramponnement de la partie adverse à l’option surréaliste de “l’indépendance“.
Il n’est pas exclu non plus que l’instigateur du refus soit le Secrétaire d’État allemand, Miguel Berger, lequel –tout un symbole!- est né à MADRID en 1961.
Passons aussi sur l’hostilité allemande au rôle de médiation marocaine dans le dossier libyen, malgré le leadership du Royaume sur ce dossier. Le Maroc a été exclu de la Conférence de Berlin sur la Libye en janvier 2020, au profit d’Alger malgré l’implication avérée de cette dernière dans l’incubation des germes du séparatisme et du jihadisme dans la région.
Mais là est une autre histoire…
Il se susurre dans les salons politiques de Rabat qu’une autre raison pourrait être derrière le gel par le Maroc de toute coopération avec l’ambassade de Berlin, les organisations affiliées et les fondations politiques basées au Maroc.
Le silence des pantoufles…
Il n’et pas étonnant de constater que lesdites fondations affiliées aux partis politiques de l’actuelle coalition conduite par la chancelière Angela Merkel, mettent la pression actuellement pour pousser Rabat à revenir sur sa décision de geler toute coopération. Une ébullition que la seule volonté de “coopération” n’expliquerait pas. Ce n’est pas pour les beaux yeux de la société civile marocaine que ces fondations se battent aujourd’hui pour reprendre “du service“, encore moins pour les beaux idéaux de démocratie, des droits de l’homme, ou des soucis écologiques.
En effet, on n’a pas vu lesdites fondations contester, par exemple, l’arrestation dernièrement du rappeur catalan, Pablo Hasel, la répression des manifestations organisées à Barcelone et à Madrid pour demander la libération de l’artiste, sans parler des leaders politiques catalans arrêtés et incarcérés sans que cela inquiète les preux chevaliers du droit-de-l’hommisme, en Allemagne et partout ailleurs en Europe.
Miguel Berger, secrétaire d’État allemand d’origine espagnole, préfère regarder ailleurs. Pas plus tard qu’hier jeudi au Bundestag, il a affirmé, en réponse à une question écrite de la gauche allemande, détenir des rapports selon lesquels “des sahraouis qui s’opposent ouvertement à la revendication marocaine de souveraineté sont discriminées ou poursuivies“, ajoutant que “le gouvernement fédéral allemand observe cela avec inquiétude“.
Une “inquiétude” à géométrie variable, quand on sait que Miguel Berger n’a pas bronché devant les violations perpétrées dans son pays de naissance, l’Espagne.
Passons là encore, car la question est ailleurs. M. Miguel affirme détenir des “rapports” sur la situation au Sahara occidental“. D’où a-t-il donc pu se procurer ces “rapports“? Et par quel moyen a-t-il pu y accéder?
Le rôle caché des fondations allemandes…
Les principaux partis allemands possèdent des bras associatifs au Maroc. Heinrich-Böll, fondée en 1997 et baptisée du nom de l’écrivain allemand Heinrich Böll, est proche du parti L’Alliance 90 / Les Verts (en allemand: Bündnis 90 / Die Grünen). Ce dernier affirme sur son site officiel avoir pour mission “l’éducation civique et politique en Allemagne et ailleurs“, mais –au-delà des paroles vertes et de l’eau fraîche– ce parti est réputé être farouchement hostile à l’intégrité territoriale du Maroc. Pour s’en apercevoir, il n’est qu’à constater qu’il a remué ciel et terre pour saborder l’Accord agricole Maroc-UE. Le front séparatiste du “polisario” et son mentor algérien n’auraient pas trouvé mieux pour cautionner leurs surenchères délirantes.
Au suivant…
La Fondation Friedrich Ebert, elle, relève du Parti social-démocrate (SPD, au pouvoir avec l’Union chrétienne-démocrate d’Angela Merkel). Cette fondation porte le nom du premier président du Reich de la république de Weimar après l’abdication de l’empereur Guillaume II en 1918.
La Fondation Konrad-Adenauer, KAS, se présente quant à elle comme une fondation juridiquement “indépendante et autonome“. Elle est néanmoins proche du parti qui conduit l’actuelle majorité, -l’Union chrétienne-démocrate (en allemand: Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU), à vocation libéralo-conservatrice.
La Fondation Hanns Seidel, également installée au Maroc, est proche de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (Union Christlich-Soziale au Bayern), un peu plus conservateur que la CDU en matière sociale.
La Fondation Friedrich Naumann, elle, est proche du Parti démocratique libre (allemand: Freie Demokratische Partei, FDP).
Tout bien considéré, les fondations allemandes basées au Maroc sont au service des agendas de leurs partis. Leur rôle déborde le simple cadre de “la coopération” avec les ONG ou mêmes des institutions publiques marocaines, il consiste aussi en la collecte d’informations au profit des principaux partis allemands, qui s’en servent évidemment pour tracer leurs stratégies en matière de politique extérieure.
Le “malaise du Maroc” ne serait-il pas dû à l’ingérence de Berlin dans ses affaires intérieures, via des officines allemandes qui auraient été mises à contribution pour porter atteinte aux fondamentaux du Royaume, à leur tête son intégrité territoriale?
le collimateur