Balbutiements d’organisation, retards en cascades, appels d’offres infructueux, équipements à la traîne … la ville d’Oran et les services gouvernementaux algériens peinent à briller. La perspective d’un démarrage des Jeux, le 25 juin 2022, s’assombrit et le président algérien tâche de reprendre le dossier en main, non sans un certain agacement et nervosité.
Les effusions de joie et les cotillons auront été de courte durée tant dans les couloirs du Palais présidentiel qu’au ministère des Sports dirigé par Abderrezak Sebgag, après la victoire des Fennecs, lors de la coupe arabe de la FIFA, le 18 décembre dernier, face à la Tunisie. Car une autre échéance autrement plus rayonnante, du moins censée l’être, attend les autorités algériennes : celle du bon déroulement des Jeux Méditerranéens d’Oran, dont la date inaugurale est prévue le 25 juin prochain.
Et pourtant, ces olympiades ont été attribuées à la ville d’Oran au mois d’août 2015 !
Des retards en cascade, des équipements à la traîne
Et pourtant, la pandémie de Covid-19 a au moins un mérite, bien sûr tout relatif, d’accorder un délai supplémentaire d’une année aux organisateurs. Initialement prévue en 2021, la 19ème édition de ces jeux avait dû être reportée pour des raisons sanitaires évidentes. Même si certains dossiers semblent progresser, d’autres s’enlisent à six mois du coup d’envoi espéré. La dernière éclaircie date du 19 décembre par l’attribution de l’épineux marché du contrôle et des analyses antidopage, accordé au laboratoire autrichien Seibersdorf Labor, pour un montant compris entre 180 000 et 300 000 euros. Soyons larges, mais optimistes car l’entreprise européenne bien connue se voit confier, depuis plusieurs années, cette mission pour le Tour de France et les Jeux olympiques notamment.
La mise en place du village méditerranéen, soit un besoin de plus de 4000 lits, confiée à une kyrielle d’entreprises locales semble progresser.
Toutefois deux épais nuages assombrissent le ciel oranais, et pas des moindres : les appels d’offres concernant l’acquisition du matériel et des équipements sportifs spécialisés tels que l’athlétisme, la gymnastique, l’escrime ou bien encore les sports nautiques, et plus inquiétant celui des infrastructures, sont infructueux. Car si les athlètes attendus auront à priori un toit sur la tête, les principaux stades au nombre de quatre, selon le cahier des charges, ainsi que les infrastructures de transport, ne sont encore que chantiers humant bon le béton…
Tous responsables, mais pas coupables. Une reprise en main politique ?
Ce ne sont pas les comités et autres agences gouvernementales ad-hocs qui manquent. Un ministère des Sports dirigé par Abderrezak Sebgag, une wilaya représentée par Saïd Sayoud, un conseiller politique du cabinet présidentiel, un comité international des Jeux méditerranéen présidé par le français Bernard Ansalem et bien entendu, un comité national d’organisation (COJM) à la charge du nageur Salim Ilès, depuis 2019, etc. Mais somme toute, cela ne suffit pas à rassurer Abdelmadjid Tebboune qui a décidé d’en rajouter : en octobre 2021, il nomme Mohamed Aziz Derouaz, commissaire à l’événement mais également bien connu en politique.
Puis en décembre, Tebboune ordonne la mise en place d’un « comité de suivi des projets » des Jeux. Pour l’heure, aucune information n’a filtré tant sur la mission in fine de ce comité, encore moins sur sa composition, si ce n’est une flagrante reprise en main du dossier par sa présidence, si ce n’est un sauvetage de cette 19ème édition des Jeux méditerranéens, tant attendus de nos sportifs du bassin éponyme.
Maroc diplomatique