La composition du nouveau gouvernement espagnol a été dévoilée lundi par le premier ministre, Pedro Sanchez. La continuité est le mot d’ordre de ce nouvel Exécutif, dont les principaux piliers restent à leur poste. Les ministres favorables au développement des relations avec le Maroc, notamment José Manuel Albares, Margarita Robles, Fernando Grande-Marlaska et Nadia Calvino, rempilent respectivement aux ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur et de l’Économie.
Le chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, reconduit à la tête de l’Exécutif espagnol par le Parlement jeudi dernier, a présenté lundi la liste de son nouveau gouvernement composé de 22 ministres. Les poids lourds tels que le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, la ministre de la Défense, Margarita Robles, le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska ou encore la ministre de l’Économie, Nadia Calvino, ont été maintenus à leur poste.
Les «amis» espagnols du Maroc rempilent
Dans une lecture faite au «Matin», le professeur d’études stratégiques au Collège de Défense (NDC) des Émirats arabes unis à Abou Dhabi, Mohamed Badine El Yattioui, souligne que la constitution de ce nouveau gouvernement est placée sous le signe de la continuité, notamment au niveau des postes clés qui restent confiés à des ministres très importants pour les relations Maroc-Espagne. «Je pense en particulier au ministre des Affaires étrangères, qui a été l’un des grands artisans, sinon le grand artisan, du rapprochement entre les deux Royaumes, et qui a permis à l’Espagne de revenir sur le devant de la scène avec une position assez audacieuse, d’un point de vue espagnol, en reconnaissant la marocanité du Sahara à travers la fameuse lettre envoyée par Pedro Sanchez à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans laquelle il reconnaissait que le plan d’autonomie était la seule solution crédible et réaliste», affirme M. Badine El Yattioui, ajoutant que «le fait que ce diplomate, qui était auparavant ambassadeur d’Espagne en France, rempile à la tête du ministère des Affaires étrangères est donc une bonne nouvelle pour les relations hispano-marocaines».
Autre ministre important pour les relations entre Madrid et Rabat qui reste en place, celui de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. «Cet ancien magistrat met souvent en avant la coopération sécuritaire entre les deux pays en matière de migration et de lutte contre le terrorisme et le crime organisé», indique le professeur d’études stratégiques. Une autre ministre importante, elle aussi ministre de souveraineté, est Margarita Robles, en charge du portefeuille de la Défense. «Lors du séisme qui a frappé le Maroc en septembre dernier, elle a salué le soutien des FAR aux secouristes espagnols et la collaboration des autorités marocaines avec ces derniers qui étaient venus participer aux opérations de secours», rappelle M. Badine El Yattioui.
La ministre de l’Économie, Nadia Calvino, a également été maintenue à son poste, poursuit le professeur d’études stratégiques, et cela vaut beaucoup pour les relations économiques et commerciales entre les deux pays en assurant une forme de continuité, surtout quand on sait que de nombreux projets d’investissement sont prévus pour les années à venir.
Sumar, la coalition de gauche radicale, représentée par cinq ministres
Quant à la coalition de gauche radicale «Sumar», sa principale figure, Yolanda Diaz, qui soutient ouvertement les séparatistes, a été nommée ministre du Travail et de l’économie sociale, fait remarquer M. Badine El Yattioui, précisant que «la coalition avec cette formation était malheureusement inévitable pour Pedro Sanchez afin de trouver une majorité au Parlement». Sumar compte également quatre autres ministres dans le nouveau gouvernement. Il s’agit de Pablo Bustinduy, ministre des Droits sociaux et de la consommation, Monica García, ministre de la Santé, Sira Rego, ministre de l’Enfance et de la jeunesse, et Ernest Urtasun, ministre de la Culture. Mais ces cinq portefeuilles, de l’avis de M. Badine El Yattioui, ne pèseront pas lourd dans les relations entre le Maroc et l’Espagne. «Sumar a vocation à être source de nuisance, en dehors du cadre gouvernemental, au Parlement, dans les médias ou lors de réunions partisanes, et peut attaquer la position officielle du Président du gouvernement espagnol», affirme le professeur des études stratégiques, faisant observer que les membres du nouveau gouvernement représentant cette coalition doivent, par principe, tenir compte de la solidarité gouvernementale et par conséquent ne devraient pas aller trop loin dans leurs propos hostiles au Maroc.
le Matin