C’est nouveau, des militaires algériens, commandés par un Général, ont sommé des agriculteurs marocains, vivant depuis des décennies dans la localité d’El Arja, proche de Figuig, de quitter, le 18 mars 2021, leurs propriétés et les Oasis où sont plantés des milliers de palmiers dattiers ou, à défaut, être arrêtés.
Un véritable remake de l’expulsion massive de 350 000 citoyens Marocains d’Algérie le 18 décembre 1975, soit la veille d’une Fête Sacré pour tout Musulman, à savoir l’Aïd Adha, et juste après la Marche Verte lancée en 1975 par le Maroc pour récupérer son Sahara marocain, sous le fumeux règne de Boumédiène.
Aussi, le 18 mars 2021, la localité d’El Arja n’est plus que tristesse et sur les murs des quelques bâtisses, désormais vides, sont inscrits des messages émouvants tels que « La paix soit sur toi, ô terre de mes ancêtres », « Nous reviendrons un jour », « Dieu fera les comptes », « Vive Figuig l’ancestrale, la noble, l’inébranlable », témoignages du terrible sentiment d’injustice ressent par les fermiers marocains expulsés par l’armée algérienne, alors que leurs familles exploitent ce bout de terre depuis des siècles.
Après Ksar Zenaga et Ksar Loudaghir, c’est donc au tour d’El Arja de faire les frais d’une décision prétextant le respect du tracé des frontières et, comme convenu, les médias algériens, à la solde du pouvoir, ont avancé plusieurs explications pour justifier l’expulsion des fellahs marocains de la terre de leurs aïeux.
Cette décision de l’Algérie est à l’unisson de celle de Houari Boumediène qui a expulsé plus de 350 000 Marocains vivant en Algérie au lendemain de la Marche Verte. C’est une décision de rage, d’hystérie et d’impuissance face aux percées du Royaume du Maroc sur la question du Sahara marocain et la neutralisation de l’Algérie à l’Union Africaine.
Par ailleurs, la télévision algérienne publique, ENTV, a traité les événements de Figuig à El Arja de manière caricaturale et mensongère. Une équipe s’est rendue sur place pour réaliser un reportage et recueillir des témoignages de fermiers marocains. Des bouts de phrases de quelques secondes ont été mis bout à bout pour donner l’illusion que l’Algérie est dans son droit et que les agriculteurs de Figuig acceptent la décision avec résignation. Le journaliste pousse même la caricature en soulignant que les agriculteurs marocains se sont montrés « reconnaissants pour le geste humanitaire de l’Algérie ».
En faisant leurs adieux à ces terres qui se transmettent de génération en génération depuis des siècles, ces dizaines de familles de fermiers font également une croix sur leurs revenus, liés aux plantations de palmiers et à la culture des dattes.
Des pertes financières énormes se profilent ainsi car c’est dans cette zone, qui comporte plus de 15.000 palmiers, qu’est cultivée l’une des espèces de dattes dites « Aziza », une variété noble et la plus chère du marché en raison de sa rareté et de sa culture difficile. Ladite datte est vendue entre 16 et 25Euros le kilogramme.
Raison pour laquelle, la société civile marocaine s’organise elle aussi pour parer à cette situation d’urgence et le Club des Avocats, présidé par Maître Mourad Al Ajouti, a même mis en place une cellule de crise à destination des propriétaires agricoles d’El Arja.
Par ailleurs, le même organisme étudie les moyens juridiques à même de permettre à ces exploitants de bénéficier d’une indemnisation de l’Algérie pour expropriation de leurs terres. Et si d’aventure l’Algérie ne répondait pas à cette requête, le Club des Avocats entend plaider cette cause devant la communauté internationale. Une requête qui aurait toutes les chances d’aboutir devant un Tribunal International, car pour asseoir son argumentaire juridique, le Club se base sur la législation algérienne, laquelle se trouve être en totale contradiction avec cette expulsion.
En effet, l’article 827 du Code Civil algérien stipule que « celui qui exerce la possession sur une chose, mobilière ou immobilière, ou sur un droit réel mobilier ou immobilier sans qu’il en soit le propriétaire ou le titulaire, en devient propriétaire si sa possession continue sans interruption pendant quinze ans ».
Or, comme l’explique Mostafa Serhir, membre fondateur de la Fédération des Associations de Figuig en France, ces terres appartiennent aux tribus de Ksar Ouled Slimane. Ils ont des documents datant de 1930. Des familles ont investi toutes leurs vies là-bas.
Les membres mécontents de la communauté de Figuig en France se mobilisent et viennent de lancerune pétition qui réunit déjà 4200 personnes tout en demandant aussi une prise en compte de leurs investissements sur place et appellent à des manifestations pacifistes mais déterminées.
A noter que, et le régime algérien le sait pertinemment, la situation actuelle de la totalité des frontières avec le Maroc n’a jamais été définie ni dans le temps ni dans l’espace voire même jamais ratifiée ni par le Parlement marocain ni par Feu Sa Majesté Hassan II. D’où, du reste cette rancune de la part des responsables algériens puisque ce sont des survivants du régime de Boumédiène, l’instigateur par excellence de ce climat de mauvais voisinage. Si l’on s’en remet aux cartes historiques, l’Algérie est loin de remplir les conditions pour une présence sur des terres ne lui appartenant pas.
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