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8 septembre 2024
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25 ans de règne. Comment le roi Mohammed VI a érigé la gestion de l’eau en priorité nationale

25 ans de règne – Ep 4 | Depuis son accession au Trône, le roi Mohammed VI a accordé une attention particulière à la sécurisation des ressources hydriques, plaçant cette préoccupation au cœur des priorités nationales du Maroc. Cette approche, envisagée dans une perspective à long terme, vise à assurer une gestion durable et équitable de cette denrée dans un contexte marqué par des défis environnementaux croissants et une pression démographique en augmentation. Décryptage.
hantier prioritaire pour le roi Mohammed VI depuis son accession au trône, la sécurisation des ressources hydriques, érigée en objectif de première importance pour la Nation, a constamment bénéficié d’une attention royale particulière. La construction de nouveaux barrages, la mise en place de stations de dessalement et d’usines de traitement des eaux usées et l’amélioration des interconnexions hydriques sont autant d’initiatives qui témoignent de cet engagement sans faille.
Des mesures qui visent non seulement à augmenter l’offre en eau, mais aussi à promouvoir une gestion durable et responsable de cette ressource essentielle, renforçant ainsi la résilience du pays face aux défis climatiques et démographiques actuels et futurs. Selon Fatima Ezzahra Mengoub, économiste au Policy Center for The New South (PCNS), «le Maroc a développé une ambitieuse politique de l’eau qui a permis de doter le pays d’un patrimoine hydrique important, mais aussi d’instaurer un cadre législatif relativement performant. Cette stratégie a eu un impact positif sur le développement économique et social, en augmentant l’accès à des ressources hydriques durables et en améliorant la gestion de l’eau à travers le territoire».
Comme l’explique cette experte, «le Maroc s’est doté d’un riche patrimoine de 152 grands barrages, totalisant une capacité de stockage de 19,9 milliards de m3, et a lancé la construction de 20 nouveaux barrages pour atteindre une capacité de stockage nationale de 27,3 milliards de m3 à l’horizon 2027 (dans le cadre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation, NDLR). Afin de garantir un équilibre entre les bassins, 16 ouvrages de transfert d’eau, s’étendant sur près de 785 kilomètres au total, ont également été mis en place».
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En parallèle, et afin d’élargir l’offre hydrique, le pays s’est tourné vers l’utilisation des eaux non conventionnelles, notamment les eaux de mer et les eaux usées. «Pour le dessalement, le pays compte actuellement 9 stations opérationnelles avec une capacité de 10 millions de m3 en 2021, tandis que 7 autres stations sont en cours de construction ou de lancement, avec une capacité combinée de 396.200 m3 par jour. Les projets concrétisés ont eu un impact considérable sur le développement économique et social du pays», souligne la même source dans son dernier Policy Brief.
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Au cœur de la station de dessalement d’eau de mer de Safi. (A. Et-Tahiry / Le360)

Ces mécanismes ont permis de garantir l’irrigation, surtout en temps de sécheresse, et ont préservé la production agricole des aléas climatiques. Résultat: une production agricole relativement stable, même lors de périodes de sécheresse extrême.
Un avis partagé par Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques pour qui, «depuis son accession au trône, le roi Mohammed VI a toujours donné des orientations en phase avec l’importance qu’a l’accélération de la recherche de nouvelles méthodes d’économie et de production d’eau potable et d’eau pour usage agricole».
De nouveaux mécanismes innovants
L’une des stratégies consiste à construire de nouveaux barrages innovants et aux dimensions adaptées, ainsi qu’à interconnecter les bassins hydrauliques de deux principaux fleuves, le Sebou et le Bouregreg. «Ce projet se développera en deux phases: relier l’oued Sebou puis l’oued Bouregreg au barrage de Sidi Mohammed Ben Abdallah, avant de connecter l’ensemble au barrage d’Imfout. Il est aussi prévu de construire plusieurs usines de dessalement dans différentes régions du pays, avec l’objectif de produire plus d’un milliard de m3 d’eau par an d’ici 2050. Un autre aspect innovant est le traitement et la réutilisation de 86% des eaux usées pour la production agricole. Actuellement, le Maroc traite moins de 5% de ses eaux usées, soit seulement 70 millions de m3, mais des résultats positifs sont déjà visibles dans les villes de Rabat et Tanger», explique le spécialiste des politiques publiques.
Ces nouveaux mécanismes s’inscrivent dans le cadre du programme prioritaire d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, lequel incarne, selon Abdelghani Youmni, une vision royale stratégique, assortie d’une politique publique solide et d’un investissement conséquent, portant son budget global à 143 milliards de dirhams (MMDH).
D’après notre interlocuteur, ce programme vise à renforcer et sécuriser l’approvisionnement en eau potable et en irrigation à travers la construction de nouveaux barrages, l’amélioration de l’efficacité des réseaux de distribution et le développement des ressources en eau non conventionnelles, telles que le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées. «Cette stratégie représente une innovation majeure pour réduire le gaspillage et les pertes, notamment les millions de m3 d’eau douce déversés dans l’océan ou perdus», note-t-il.
C’est dans ce cadre que l’économiste souligne que l’amélioration des interconnexions hydriques peut être interprétée de trois manières: «D’abord, cela représente une solidarité entre les régions excédentaires et déficitaires, qu’il s’agisse du Nord, de l’Ouest, du Sud ou des provinces éloignées des rives et de la mer. Ensuite, elle vise à réduire les pertes d’eau qui se déversent dans l’océan Atlantique et à maximiser l’utilisation des ressources existantes en adaptant les flux d’eau aux besoins spécifiques. Enfin, elle permet de cartographier les routes des eaux douces pour anticiper l’avenir et assurer une meilleure répartition.»
Les premières images du haut débit de l’eau arrivant de l’Oued Sebou jusqu’à Rabat. (Y. Mannan / Le360)
Pour ce qui est du traitement des eaux usées, il s’agit d’après Abdelghani Youmni, d’une véritable révolution pour le Maroc, qui s’inspire des pays développés leaders comme Singapour, où 40% des besoins en eau potable proviennent des eaux usées traitées, contre seulement 1% en France. «Les espaces verts de Rabat et de Tanger ont été métamorphosés grâce à ces pratiques, changeant ainsi le visage de ces deux villes. Un enjeu majeur reste toutefois à résoudre: forcer les groupes industriels et les centres hospitaliers à traiter leurs eaux usées avant de les déverser dans les systèmes d’évacuation», signale-t-il.
Quid du traitement des eaux usées? Selon cet économiste, ce mécanisme permet également de récupérer de l’eau pour l’irrigation agricole, réduisant ainsi la pression sur les ressources en eau potable: «Cependant, le coût de traitement, qui s’élève en moyenne à 2,2 dollars par m3, représente un réel défi pour le Maroc. Il est crucial de recouvrir les coûts de production, de stockage et d’approvisionnement sans risquer de rendre lucrative une ressource perçue comme un bien commun, mobilisée par la puissance publique au service des citoyens.»
Quant à la mise en place de stations de dessalement des eaux de mer, ce processus est, selon Abdelghani Youmni, inévitable pour le Maroc: «Le dessalement de l’eau de mer constitue une source alternative fiable et continue, essentielle pour répondre aux besoins en eau potable et en irrigation, particulièrement en période de sécheresse
Après 25 ans de règne, l’engagement du Souverain envers la sécurité hydrique demeure plus pertinent que jamais, témoignant d’une vision proactive et d’une volonté de positionner le Maroc comme un modèle en matière de gestion de l’eau à l’échelle régionale et internationale.
Par Hajar Kharroubi

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