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9 mars 2025
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Accord de 1968 : l’ultimatum de Paris face au silence d’Alger

L’exécutif français se retrouve confronté à un dilemme épineux : faut-il dénoncer les accords migratoires de 1968 avec l’Algérie, au risque de s’aliéner une importante partie de la diaspora algérienne en France ? Cette question, qui divise jusque dans les cercles du pouvoir, a récemment été mise en lumière par Le Figaro, qui révèle les réticences d’Emmanuel Macron à adopter une ligne dure sur le sujet.
Selon plusieurs sources au sein de l’entourage présidentiel, la crainte d’une réaction vive de la communauté algérienne expliquerait en grande partie le refus de l’Élysée d’envisager une remise en cause de ces accords. « Il redoute que cela mette le feu aux poudres », confie un proche du dossier, ajoutant que le chef de l’État français est également influencé par la position du Quai d’Orsay, qui prône la préservation des relations avec Alger.
Cette prudence contraste avec la posture plus offensive adoptée par certains responsables politiques, à commencer par François Bayrou et Bruno Retailleau, qui plaident pour une dénonciation pure et simple de ces accords. Face aux blocages diplomatiques, le premier ministre François Bayrou a également lancé un avertissement ferme à l’Algérie : le pays dispose de quatre à six semaines pour reprendre ses ressortissants en situation irrégulière, en particulier les profils jugés dangereux, et pour reconsidérer l’ensemble du cadre migratoire bilatéral. À défaut, Paris pourrait prendre l’initiative de mettre un terme aux accords.
Dans l’ombre, un autre front s’est ouvert. Un documentaire de France 2 a révélé l’existence présumée d’un « réseau d’infiltration algérien » sur le sol français, associant services secrets, influenceurs binationaux et consulats. Objectif affiché : surveiller et neutraliser les détracteurs du régime d’Abdelmadjid Tebboune, tout en promouvant une image lissée de l’Algérie. Ces révélations, perçues comme une ingérence, ont exacerbé la méfiance française, alimentant un climat de défiance réciproque.
Historiquement marquées par les blessures coloniales, les relations franco-algériennes tanguent entre nécessité de coopération et rivalités persistantes. La crise actuelle cristallise ces tensions : Paris dénonce l’instrumentalisation de sa diaspora et l’immobilisme algérien sur les expulsions, tandis qu’Alger accuse la France de stigmatisation et d’ingérence.
Si l’ultimatum reste sans suite, la dénonciation des accords de 1968 pourrait rebattre les cartes migratoires, avec des conséquences imprévisibles. Pour l’heure, chaque camp campe sur ses positions, dans un bras de fer où priment les calculs stratégiques sur l’apaisement. Reste à savoir si les canaux diplomatiques, malgré les fractures, parviendront à désamorcer une crise qui menace de déborder le cadre bilatéral.

Maroc diplomatique

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