Carburant, appels à des grèves, manifestations, questions de retraite, de chômage et de salaire, un peuple en colère… Voici l’image d’une France perturbée depuis plus de trois semaines maintenant. Il semble qu’une crise sociale commence à prendre une plus grande ampleur et pourtant loin d’être terminée. La flambée des prix, suivie de la crise des carburants, n’a qu’une seule signification, les Français auront tendance à se retourner vers un nouveau mouvement similaire à celui des « gilets jaunes ».
La dégradation du climat social a commencé fin septembre avec un manque de carburant dans les stations-service de la société TotalEnergies, et ce dans le Nord et en Île-de-France. Les ristournes sur le carburant qu’avait proposé la firme ont engendré une forte augmentation de la demande. S’ajoute ainsi le mouvement de grève des employés des raffineries et des dépôts de carburant de TotalEnergies et d’Esso-ExxonMobil, qui a considérablement ralenti les livraisons à la pompe. En outre, ces salariés ont réclamé par le biais d’une grève, une augmentation sur salaire de 10 % et qui va à l’encontre de ce qui a été négocié précédemment.
Cependant, près de la moitié des stations signalent une pénurie de carburant, alors qu’environ le tiers en France déclare un stock complètement épuisé puisque les livraisons arrivent à peine ou n’arrivent pas du tout. Cette situation a créé une frustration chez les automobilistes français et a suscité une grande tension chez l’exécutif ainsi qu’une pression qui monte chaque jour.
La métropole a été marquée ce mardi, également, par une journée de mobilisation et de grève interprofessionnelle afin de réclamer des augmentations de salaire et contester la situation actuelle du carburant. Les manifestations s’étendent maintenant aux transports, à l’éducation, à la retraite et même aux distributeurs d’électricité et de gaz. Le ministère de l’intérieur français a révélé la participation de plus de 100 000 grévistes, indiquant que ce mouvement est encore plus fort que celui du 29 septembre. Les manifestations se sont déroulées sous de « violentes » conditions engendrant quelques vitrines brisées, une dizaine d’arrestations et plusieurs blessés entre grévistes et agents des forces de l’ordre.
Ce mercredi matin, la ministre de la Transition énergétique française, Agnès Pannier-Runacher a annoncé que 22,8 % des stations-service de la République sont toujours en manque de carburant. En outre, un mouvement social a pris place aujourd’hui perturbant ainsi la circulation de plusieurs trains, lignes de métro, de tramway, de bus…
Le gouvernement est inquiet puisqu’il n’a toujours pas réussi à surmonter l’avènement des multiples crises que le pays a connu. Pourtant, plusieurs analystes français ne craignent surtout pas à ce que ces manifestations prennent la même trajectoire que le mouvement des « gilets jaunes ». Selon les déclarations de Philippe Crevel, spécialiste des questions macroéconomiques, à l’AFP « le mouvement des “gilets jaunes” était une crise non organisée par des syndicats ou des groupes politiques, mais qui a pris naissance aux marges des corps intermédiaires. Même s’il existe certaines passerelles avec les gilets jaunes, le mouvement actuel est organisé par les syndicats ou la France Insoumise et est donc de nature différente ».
Il justifie ainsi « qu’aujourd’hui, c’est l’inflation et la vie chère qui sont pointées du doigt ». La manifestation d’hier, qu’elle ait été suivie par 30 000 personnes selon les chiffres officiels ou 140.000 selon les chiffres de la France Insoumise, n’a pas été une déferlante au niveau du nombre de manifestants ».
C’est une succession d’évènement que plusieurs ménages français qualifient d’insupportable. La crise sanitaire, puis l’inflation après la crise ukrainienne, la vie qui devient de plus en plus chère, le pouvoir d’achat qui baisse et maintenant une crise d’approvisionnement en carburant continue, la France semble ouvrir les portes à des mouvements sociaux qui ne se termineront pas sitôt si les blocages des capacités ne se règlent pas rapidement.
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