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Plaidoyer pour la création d’une Exim-bank au Maroc

Rédigé par M. Mohamed H’MIDOUCHE le Jeudi 10 Février 2022
Au Maroc, comme c’est le cas de la majorité des pays africains, le pays fait face à un déficit chronique de sa balance commerciale en raison du volume des importations de biens et services qui dépasse largement celui de ses exportations. Un des facteurs qui concoure à cette situation est l’absence d’une institution financière dédiée au financement des échanges extérieurs du pays sous la forme d’une « Export Import Bank (Eximbank)». L’absence d’un tel instrument de financement adapté au développement des exportations n’est pas propre au Maroc seulement. Aucun pays africain francophone ne dispose à ce jour de ce type d’instrument financier qu’on retrouve plutôt dans de nombreux pays anglophones.
En effet, sur notre continent, en dehors de la banque africaine d’import – export (AFREXIMBANK) créée par la Banque Africaine de Développement en 1993 avec un capital autorisé de 750 millions de dollars US et qui opère à partir de son siège social du Caire et de ses trois bureaux de représentation situés à Harare, Zimbabwe, à Abuja, Nigeria et plus récemment à Abidjan, Côte d’Ivoire, (son bureau régional pour l’Afrique du Nord sera basé à Tunis et il est en cours d’opérationnalisation) seuls cinq pays africains disposent d’un tel instrument de financement.
Il s’agit notamment de l’Egypte avec la « Egypt Export Development Bank », le Ghana avec sa « Ghana Eximbank », le Nigeria avec son « Nigeria Export Development Bank », la « Tanzania Eximbank » qui dispose d’une filiale qu’elle contrôle à 100% aux Iles Comores et l’Afrique du Sud avec son « Export Credit Insurance Corporation ». Ces établissements publics sont placés sous la supervision directe des banques centrales de ces pays et ont été créés pour soutenir la quête de leurs gouvernements respectifs pour développer une économie viable et durable axée principalement sur le développement de leurs exportations.
A titre d’exemple, la Ghana EXIM Bank a évolué à la suite d’une fusion de 3 agences gouvernementales à savoir : a) le Fonds de Développement pour le Commerce d’exportation, l’Agriculture et l’Industrie  (Export Trade, Agricultural and Industrial Development Fund (EDAIF), b) la Société de Financement des Exportations (Export Finance Company (EFC), et c) la Compagnie de Garantie des Exportations (Exim Guaranty Compny Ltd).  La fusion a été réalisée avec succès. Le personnel de ces trois sociétés a été entièrement intégré à la Ghana Exim Bank.
Il y a lieu de relever que le concept des Eximbanks est plus anglo-saxon que francophone. Pour preuve, la France n’en dispose pas. Seules ses banques commerciales classiques financent le commerce extérieur à l’échelle de la France et à l’international.
Les grands acteurs du commerce mondial tels que les USA, l’Inde, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, la Russie disposent de leurs propres Eximbanks qui jouent un rôle crucial dans le financement, non seulement de leurs importations, mais également de leurs exportations. Les banques commerciales des pays africains francophones opèrent selon le même modus operandi que leurs consœurs françaises, alors que la nouvelle configuration des échanges internationaux et l’ambition politique panafricaine et mondiale de notre pays telle que soutenue et impulsée par la vision et le leadership de notre Auguste Souverain nous interpelle en vue de rechercher et d’adopter de nouveaux mécanismes de financement innovants qui répondent aux attentes des opérateurs nationaux du commerce extérieur et qui contribueraient à l’inversion de la courbe de notre balance commerciale, pour la rendre excédentaire. Un tel scenario est à la portée de notre pays compte tenu de tous les atouts d’ordre politique, géostratégique et économique dont il dispose.
Forces et opportunités de l’économie marocaine
En effet, le Maroc jouit d’une bonne stabilité politique, soutenue par de bonnes performances réalisées au plan économique et social, grâce à des réformes stratégiques de grande ampleur. Hormis les deux dernières années marquées par une crise économique sans précédent due à la prévalence de la pandémie du Covid-19 et ses différents variants, le Maroc avait connu une croissance soutenue qui avait contribué à la baisse de la pauvreté absolue et du chômage au niveau national.
Ces performances résultent également des atouts du pays, parmi lesquels figurent des capacités institutionnelles confirmées dans la conception et la conduite des politiques économiques adéquates, dont la mise en œuvre a contribué à asseoir les fondements d’une économie moderne et robuste qui s’appuie sur de nouveaux écosystèmes et clusters tels que les industries de l’automobile et de l’aéronautique qui ont attiré d’importants investissements directs étrangers au pays, boostant ses exportations et améliorant sensiblement le niveau du déficit de sa balance commerciale.
Aujourd’hui, notre pays affiche des potentialités sectorielles importantes dans d’autres secteurs (tourisme, agro-business, pêche, industries manufacturières, textile, etc.) et recèle des opportunités de nature à favoriser de nouveaux créneaux porteurs de croissance et d’emplois (les services numériques, la digitalisation, etc.). En outre, la proximité des marchés européens et le statut privilégié dont le pays bénéficie auprès de l’Union Européenne, constituent des atouts pour un développement durable. De même, ses liens historiques avec l’Afrique subsaharienne offrent au Maroc de réelles opportunités d’intégration économique avec toutes les régions du continent.
Le Maroc a franchi des étapes importantes dans le développement des infrastructures dans les secteurs des transports, de l’eau, de l’énergie, la création de nouveaux clusters dans l’aéronautique, l’automobile et la production de vaccins anti Covid-19.
Dans le secteur des transports, grâce à la mise en œuvre des projets importants, le pays affiche une performance globale caractéristique des pays émergents. Il s’agit notamment : (i) du réseau autoroutier national de près de 1500 km en 2010 et qui a atteint aujourd’hui 1800 km, devenant la deuxième place du plus grand réseau d’autoroute en Afrique après celui de l’Afrique du Sud. A cela s’ajoute la poursuite de la réalisation de la voie express Tiznit-Laâyoune et l’élargissement de la liaison Laâyoune-Dakhla, dont le taux d’avancement a atteint plus de 80%.
Ce projet s’inscrit dans le nouveau modèle de développement des provinces du Sud, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 40ème anniversaire de la Marche Verte. Il consiste en le dédoublement et l’élargissement de la Route nationale n°1 sur 1.055 km ; (ii) du port Tanger-Med, entré en service en 2007 et qui a renforcé le réseau de 11 ports répondant aux standards internationaux; (iii) d’un ensemble de 15 aéroports, reliés aux principales plateformes d’affaires mondiales.
Le Maroc affiche également un développement rapide des TIC, qui place le pays au premier rang en Afrique en termes de connectivité. La stratégie e-Maroc, mise en œuvre depuis 2008, vise à intégrer le pays dans l’économie mondiale du savoir et à le positionner en tant que pôle régional de développement.
Notre pays dispose également d’un réseau de chemins de fer très développé. Dans le cadre du Plan rail 2040, figurent les projets de développement pour le réseau ferroviaire concernent le Train à grande vitesse avec la perspective de 1.200 km supplémentaires avec un budget prévu de 13,5 milliards de dollars, incluant la ligne Marrakech et Agadir, l’amélioration du triangle Casa Voyageurs, Casa Port et l’aéroport pour fluidifier le trafic et gagner en temps de trajet. Il est prévu également l’extension du réseau conventionnel (3.800 km pour un budget de 20 milliards de dollars) et l’amélioration du réseau existant au niveau de 1.500 km (2,5 milliards de dollars).
Pour compléter le réseau autoroutier, plusieurs projets portuaires sont en cours de construction tels que ceux de Nador West Med, Dakhla Atlantic et Kénitra Atlantic ou les travaux d’extension au niveau de plusieurs ports (port d’El Jadida, port de Jorf Lasfar, port de Casablanca, port d’Agadir et port le Mohammedia qui a été choisi par le gouvernement pour l’installation du premier terminal méthanier marocain, équipé d’une unité de transformation du gaz liquéfié en gaz naturel GNL et d’une unité flottante).
Ces différents chantiers structurants s’ajouteront au port de Tanger Med, premier port africain, devenu un hub logistique mondial, situé sur le Détroit de Gibraltar et connecté à plus de 180 ports mondiaux, offrant des capacités de traitement annuelles pour 9 millions de conteneurs, 7 millions de passagers, 700.000 camions et 1 million de véhicules.
Quant à Royal Air Maroc, son réseau international assure la desserte de 91 villes dont 28 en Afrique, 50 en Europe, 5 en Amérique du Nord, 2 en Amérique du Sud et 6 en Asie.
De la diversification de nos exportations
L’enjeu majeur pour le Maroc est de parvenir à une croissance économique forte, durable et dont les fruits sont équitablement répartis au sein de la population. Pour ce faire, le pays doit diversifier ses exportations.
La diversification de l’économie marocaine reste encore insuffisante et sa structure productive et la forte concentration des exportations tant en ce qui concerne l’offre de produits exportables, les entreprises exportatrices que les débouchés extérieurs constituent des défis à relever. En effet, des réformes au plan commercial sont encore nécessaires pour promouvoir des exportations à forte valeur ajoutée, et l’émergence de nouveaux secteurs exportateurs à même de renforcer les sources de croissance de l’économie. La mise en œuvre de la stratégie nationale du développement de la compétitivité logistique, associée à une politique de soutien aux secteurs à fort potentiel de productivité et de création d’emplois, pourrait constituer un facteur d’atténuation de cette contrainte.
De l’opportunité de la création d’une Eximbank au Maroc
Pour pallier au manque d’un organisme financier dédié totalement au financement des opérations du commerce extérieur au Maroc, et à l’instar de l’expérience des autres pays africains anglophones (Afrique du Sud, Egypte, Ghana, Nigeria et Tanzanie), il serait opportun de procéder à la création d’une banque marocaine d’import – export, qui pourrait être baptisée Morocco_Eximbank (MEXIM-BANK) ou Banque Marocaine d’Import-Export (BMIE) dont la mission serait d’offrir à ses clients nationaux et de l’Afrique sub-saharienne une large gamme de nouveaux produits et services financiers spécialement conçus et adaptés à leurs besoins tels que l’obtention de crédit à moyen et long termes pour le financement de projets d’investissements orientés vers l’export, la prise de participation dans leur capital, l’octroi aux PME/PMI de prêts à moyen et long termes, le financement des crédits acheteurs ou des crédits fournisseurs, le financement de fonds de roulement en devises destinés au financement des intrants étrangers pour faciliter la production d’équipements destinés à l’exportation, la couverture des risques commerciaux et politiques, l’octroi de garanties de crédit à l’exportation et d’une assurance-crédit à l’exportation aux clients éligibles, etc.
De tels financements seraient opérés à partir de ses ressources propres et des facilités qu’elle pourrait obtenir sous forme de lignes de crédit des banques régionales ou internationales et des agences de développement bilatérales ou multilatérales. De surcroit, MEXIM-BANK assurerait la maintenance d’un système d’information commerciale et de veille en appui aux activités d’exportation.
Comme on le voit, la fonction fondamentale de cette nouvelle banque qui viendrait enrichir l’architecture du système financier de notre pays en complétant l’arsenal institutionnel existant, est de venir en soutien à la croissance économique de notre pays, en plus de son rôle dans l’augmentation des possibilités d’emploi à valeur ajoutée dans les secteurs productifs tournés vers l’export, fournissant ainsi un instrument financier efficace qui soit aligné sur la politique et les stratégies de développement économique et social du pays.
Pour atteindre cet ambitieux objectif, il faudrait nécessairement obtenir au préalable l’aval de Bank Al Maghrib et celui du ministère de l’Economie et des Finances au terme d’une large concertation avec toutes les parties prenantes tant au niveau gouvernemental qu’au niveau des opérateurs économiques du pays, de leurs fédérations, chambres de commerce et d’industrie et associations dans le cadre d’une approche participative et inclusive.
Montant et structure du capital de MEXIM-BANK
Lors de sa création, MEXIM-BANK pourrait voir le jour avec un capital souscrit minimum de un milliard de dirhams (environ 107 millions de dollars des Etats-Unis) avec une tranche libérée à hauteur de 25%, les 75% restant devant constituer le capital sujet à appel mobilisable en cas de besoin.
Des augmentations du capital interviendraient par la suite selon les besoins de la Banque. La souscription du capital serait ouverte aux organismes publics, aux établissements financiers nationaux, aux investisseurs institutionnels (notamment les compagnies d’assurance et les caisses de retraite) ainsi qu’au secteur privé marocain avec une parité de 2/3 pour les premiers (secteur public) et 1/3 pour les seconds (secteur privé).
Autres sources de financement de la Banque
A l’instar des autres organismes financiers ayant la même vocation et le même type d’activités, MEXIM-BANK aura accès à diverses sources de financement pour lever les fonds dont elle aura besoin en soutien à ses activités sous forme de lignes de crédit à long terme (7 à 12 ans avec un délai de grâce de 2 à 3 ans) auprès des bailleurs de fonds internationaux, bilatéraux et multilatéraux en fonction de la robustesse de son plan d’affaires (business plan) dans une fourchette de 1 à 2 milliards USD renouvelables.
Les bailleurs de fonds à solliciter pour l’obtention de telles lignes de crédit seraient entre autres,  la Banque Africaine de Développement, sa filiale Afreximbank, la BIsD, la Banque Mondiale et leurs filiales respectives,  en plus de diverses institutions telles que la BEI, la BERD, les Eximbank des USA, de Chine, de l’Inde, du Japon, de la Corée du Sud  et les agences bilatérales de développement des pays européens déjà présentes au Maroc.
Renforcement des capacités des acteurs du commerce extérieur
La mise en place de la MEXIM-BANK nécessitera en parallèle la création d’un centre de formation professionnel dédié aux métiers de l’Import / Export.
L’objectif est de former des futurs responsables qui seront principalement chargés : i) de mener des opérations d’étude de marchés, de prospection et de représentation, afin de développer des relations commerciales avec de nouveaux clients à l’international ; ii) d’animer une équipe de vente multiculturelle ;  iii) de négocier des contrats avec des clients étrangers, à l’achat et à la vente et d’assurer l’exécution des contrats et le suivi administratif des opérations de commerce international ; et iv) de maitriser les langues étrangères.
La formation en langues étrangères est un impératif absolu qu’il faudra encourager avec l’assistance du département langues étrangères des Universités et Facultés du Royaume en vue de créer des passerelles entre les entreprises et les centres de formation en langues étrangères afin de soutenir l’export dans les pays anglophones à travers la planète qui offrent d’énormes opportunités aux produits d’exportation du pays.
Prochaines étapes
La création de MEXIM-BANK nécessitera l’accomplissement d’un certain nombre de conditions préalables, dont les principales sont résumées ci-après :
  1. Obtenir le feu vert des principales parties prenantes (les plus hautes autorités du pays; les ministères/organismes clés – Bank Al Maghrib, le ministère de l’Economie et des Finances, le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, l’Office des Changes, l’Agence Marocaine de Développement des Investissement et des Exportations (AMDIE), les établissements financiers publics et privés, y compris les investisseurs institutionnels (caisse de retraite, compagnies d’assurance etc.) et les opérateurs du secteur privé ;
  2. Mettre en place un Comité de Pilotage sous la supervision de Bank Al Maghrib et le ministère de l’Economie et des Finances ;
  3. Réaliser une étude de faisabilité du projet en incluant des missions de « benchmarking » auprès des autres institutions africaines et étrangères similaires ;
  4. Définir la gouvernance institutionnelle de la Banque (Assemblée Générale, Direction, Organigramme, Délégations régionales au Maroc et Bureaux de Représentation à l’étranger) ;
  5. Faire un tour de table des futurs actionnaires, obtenir la licence pour le démarrage des activités de la Banque et lancer officiellement l’institution ;
  6. Créer la MAROC_EXIMBANK selon un calendrier qui soit conforme aux priorités fixées par le gouvernement ;
  7. Choix du siège, de l’équipe dirigeante et des commissaires aux comptes.
Conclusion
En conclusion, je dirai que l’opportunité de créer une banque marocaine d’import-export se justifie amplement comme on l’a vu plus haut. Sa naissance dépend de la volonté politique des pouvoirs publics et des acteurs du commerce extérieur de notre pays. A mon avis, en raison de tous les avantages qu’elle offrirait à notre économie, la création de MEXIM-BANK devient une nécessité incontournable.
Pour y parvenir, notre pays pourrait faire appel à l’appui technique et financier de la banque africaine d’import-export dont il est actionnaire et qui dispose non seulement des compétences techniques et humaines pour l’aider à assurer sa création et à la rendre opérationnelle mais aussi à lui fournir les financements requis en même temps que d’autres institutions financières régionales et internationales en soutien au développement des activités de commerce extérieur et de ses opérateurs économiques.
Par ailleurs, sur le plan géostratégique, la création d’une telle institution financière chez nous constituerait une première. Par la suite, le Maroc pourrait aider à la création de structures similaires dans les pays francophones d’Afrique et profiter ensemble et pleinement de l’immense potentiel d’échanges commerciaux intra et extra africains, offert par la nouvelle zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), devenue opérationnelle depuis  le 1er janvier 2021 à partir de son siège d’Accra au Ghana, et dont le Maroc est membre fondateur et cosignataire de l’Accord portant sa création (Statuts) avec 44 pays africains lors du Sommet Extraordinaire de l’Union Africaine qui s’est tenu à Kigali, capitale du Rwanda, le 21 mars 2018.
Une telle perspective serait conforme à la politique de coopération de notre pays qui a fait de la coopération avec les pays du continent africain une priorité absolue de sa politique étrangère telle qu’inscrite au préambule de sa Constitution de 2011, ce qui a constitué un important levier de coopération Sud-Sud orientée vers l’avenir, la hissant au niveau d’un partenariat sincère et mutuellement bénéfique au service du développement économique et du progrès social du Continent qui ne se limite pas uniquement au développement des échanges commerciaux et à l’accroissement des investissements, mais transcende également les enjeux économiques en prenant en compte les considérations historiques, politiques, humanitaires et environnementales.
Formons le vœu ardent pour la réalisation de cet important instrument de financement innovant et bénéfique aux économies de notre pays et de notre continent.
M. Mohamed H’MIDOUCHE
Ancien Administrateur d’Afreximbank
CEO, Inter Africa Capital Group
Vice-Président de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX)

7 février 2022

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