Pourquoi l’Algérie refuse t-elle encore, et refusera certainement toujours, d’ouvrir ses frontières avec le Maroc ?
Pour répondre à cette question il faut tout d’abord revenir aux raisons qui ont causé cette fermeture et qui continueront probablement à envenimer les relations entre les deux pays voisins.
Le 24 Août 1994, le Maroc avait fait l’objet d’un attentat terroriste sanglant à Marrakech, le poumon du tourisme marocain à cette époque. Ce jour là, deux touristes Espagnoles sont tuées et une Française grièvement blessée.
Les terroristes étaient tous ressortissants Français. Mais deux d’entre eux, étaient d’origine algérienne.
D’après l’enquête menée par les autorités marocaines à cette date, quatre groupes, comprenant sept personnes, devaient commettre des attentats le même jour, dans différentes villes du Royaume. Heureusement leur projet fut déjoué.
Et selon les conclusions de cette même enquête, il s’est avéré que la majorité des terroristes étaient d’origine algérienne. D’autres indices ont établi un lien entre ces groupes terroristes et les services de renseignements algériens. Ce qui a poussé les autorités marocaines à expulser, par mesure de sécurité, tous les algériens qui séjournaient au Maroc sans carte de séjour en cours de validité, et d’instaurer par la suite un visa pour ceux qui voulaient se rendre au Maroc. La réaction d’Alger ne s’était pas fait attendre, car au lendemain de ces mesures, le gouvernement algérien avait instauré lui aussi un visa pour les ressortissants marocains et avait verrouillé ses frontières terrestres avec le Royaume. Celles-ci demeurent d’ailleurs fermées jusqu’à ce jour.
Or depuis l’accession de SM Mohamed VI au pouvoir, celui-ci n’a cessé d’envoyer des messages et des signaux aux responsables algériens en vue d’une réouverture des frontières comme mesure préliminaire à un rétablissement des relations normales entre les deux pays voisins.
L’Algérie y a cependant toujours opposé un refus catégorique.
Mais essayons cependant de comprendre les raisons profondes de ce niet Algérien.
Tout d’abord il y a lieu de revenir au facteur psychologique du pouvoir algérien. Tout le monde sait qu’en Algérie ce n’est ni le gouvernement ni le parlement ni même le peuple qui gouverne. Le seul et unique responsable de la politique interne et externe de l’Algérie, c’est le pouvoir militaire représenté par ses généraux. C’est un régime parfaitement baderne et totalitaire. Les institutions civiles ne sont qu’un simple achalandage de façade. Et ce régime perdure en Algérie depuis son indépendance. Or et depuis cette date, l’Armée de Libération Nationale Algérienne n’a cessé de montrer son animosité vis à vis du Maroc et de ses institutions. Le premier évènement qui allait mettre en conflit les deux États voisins est celui du tracé des frontières Est de l’Algérie. En effet, en 1962, le Maroc avait signé un accord avec le gouvernement provisoire d’Algérie représenté par Farhat Abbas, en vertu duquel il a été convenu d’engager des négociations directes entre les deux pays pour une restitution des régions de Bechar et Tindouf au Maroc. Or, et juste après la nomination du gouvernement définitif dirigé par Ahmed Ben Bella en 1963, ce dernier avait fait appel à l’armée pour se retourner contre la décision de son prédécesseur, Farhat Abbas. Le but étant de ne plus négocier les moyens de rendre les zones de Bechar-Tindouf au Maroc. Pour Benbella et l’ALN, l’Algérie qui venait de sortir de 100 ans de colonisation Française, avait besoin de se reconstruire.
Et cette région marocaine annexée à l’Algérie, regorgeait de ressources énergétiques très importantes qui devait lui permettre d’accélérer le développement du pays. C’est d’ailleurs ce qui allait déclencher la guerre des sables en 1963.
Cette première guerre inaugurait une longue période de méfiance entre l’Algérie et le Maroc. Ce qui allait déclencher en 1975, une autre confrontation mettant face à face le Maroc et le Polisario, épaulé par l’Algérie, qui contestait la ré appropriation par le Maroc de ses provinces du sud évacuées par les espagnols. À cette période, le Maroc avait signé avec le gouvernement de Madrid un accord qui devait fixer les conditions de retrait espagnol du Sahara occidental et sa partition entre le Maroc et la Mauritanie. Ce deal faisait lui même suite à une démonstration de génie tactique initiée par Feu Hassan II : la marche verte. Cette prouesse politique de très haute valeur stratégique, allait bouleverser les rapports de force hérités d’une décolonisation inachevée, vingt ans après l’indépendance du Maroc.
Cette situation du « fait accompli » réalisée par Feu Hassan II, n’allait pas sans déplaire aux généraux algériens qui convoitaient activement cette zone pour deux raisons essentielles :
1-/ avoir une issue directe sur l’océan Atlantique. Ce qui allait leur permettre d’exporter plus facilement les ressources énergétiques de leur pays vers le continent Américain.
2-/ couper le Maroc du reste de l’Afrique subsaharienne. Ce qui allait stopper ses projets de puissance Africaine régionale.
Le Polisario fut donc créé, armé, financé et instrumentalisé par l’Algérie, la Libye, l’Egypte, et Cuba sous impulsion Russe. Tous ces pays à tendance socialistes, faisaient partie du mouvement des non alignés, ou l’Algérie était très active, et n’ont jamais digéré le choix de Feu Hassan II, d’avoir opté pour le modèle libéral des États Unis.
Ainsi, et tout au long de cette histoire tumultueuse entre les deux pays voisins, le Maroc a toujours gagné ses batailles contre l’Algérie, soit directement, soit par Polisario interposé.
Ces gifles militaires assénées aux généraux algériens allaient cultiver dans leur esprit, un sentiment de rancoeur et de revanchisme. Et c’est tellement vrai que depuis 1963, l’armée algérienne n’a ménagé aucun effort pour se venger du Maroc. Et plus le temps passait, plus cette passion s’accentuait, au point de devenir une vraie obsession. Cette animosité s’était traduite par la mise en place de toute une philosophie sociale bien fomentée pour monter le peuple algérien contre le Makhzen Marocain mais aussi contre son peuple : l’Marrok.
Avec la fermeture des frontières et vu la faiblesse des moyens de communications entre les deux pays, on inculquait volontiers aux jeunes algériens une fausse image du Royaume chérifien. Pour ces citoyens du pays voisin, leurs homologues marocains étaient sous régime royal totalitaire et tyrannique. Les images du Maroc qui étaient colportées par le pouvoir au peuple algérien se réduisaient à des cireurs de chaussures ou des vendeurs ambulants. Toutes les facettes du développement culturel et économique du Royaume étaient entièrement occultées.
Aujourd’hui bien heureusement, le monde a changé. Et avec lui, les moyens de communication et de transmission qui ne peuvent plus rien dissimuler. Les Algériens se réveillent ainsi sur un Maroc bien fort et parfaitement développé. Pendant que leur pays, aux mannes gazières et pétrolières, sombre dans la pauvreté la plus inepte et la bêtise la plus absurde.
Malgré cela, les vieilles badernes algériennes refusent toujours d’admettre cette révolution technologique et préfèrent continuer à donner à leur peuple, cette image détériorée de la réalité marocaine. Car ils sont parfaitement conscients que la réouverture des frontières équivaut a une mise à nue de leur politique dévastatrice. En cas d’ouvrerture des frontières, les ressortissants algeriens seront donc en mesure de constater de visu, cette supercherie médiatique et culturelle dont ils ont fait l’objet depuis plus de 58 ans. Ce qui risquerait de créer un choc psychologique collectif autour du dogme militaire mis en place par les verts Kakis. Cette philosophie absurde qui consistait à dévier l’attention du peuple algérien des vrais problèmes liés a son développement, vers une angoisse continue entretenue contre un ennemi fictif, créé de toutes pièces par le régime en place, a permis aussi aux généraux algériens un enrichissement sans cause. Les commissions sur le commerce d’armes ne sont plus à prouver ni à vérifier. Le monde entier peut en attester…
Or cette situation, du moins explosive, que connaît aujourd’hui l’Algerie et qui s’est traduite par un Hirak populaire, semble être due essentiellement au développement économique et social que connaît le Maroc et que le pouvoir algérien n’arrive plus à occulter face à sa population.
SM Le Roi Mohamed VI l’a affirmé clairement dans son allocution du trône du 31 juillet courant. Il a ainsi déclaré que les ressortissants algériens qui sont établis ou qui sont en visite au Maroc, ainsi que les moyens d’informations sophistiqués existants aujourd’hui, permettent une transmission exacte de la réalité économique et sociale marocaine au peuple algérien. Il n’y a donc plus aucune raison de maintenir les frontières fermées. Car si les raisons disparaissent, les moyens doivent inéluctablement suivre.
Cependant, les caporaux algériens semblent avoir une énième raison qui les pousserait à refuser tout rapprochement avec le Maroc : la course vers un leadership Africain.
Et cette hégémonie africaine de l’Algérie est très certainement encouragée par quelques pays Européens qui s’activent à maintenir et entretenir une roue de secours pour une future invasion en Afrique.
Sauf que la dernière alliance scellée entre le Maroc, Israël et le États Unis, a manifestement enfoncé le clou de manière définitive. Le Maroc est aujourd’hui érigé en puissance continentale incontestée. Ce n’est plus une fiction, c’est une réalité.
D’ailleurs le message de l’envoyé spécial Américain en Afrique du Nord et au Moyen orient Joey Hood au pouvoir algérien a été sans appel. Les États Unis ont manifesté leur inquiétude sur la situation sociale et sécuritaire de l’Algérie qui risque d’impacter sérieusement toute la région nord africaine.
En effet, l’Algerie souffre de problèmes sécuritaires sur toutes ses frontières, au point où ce pays est devenu une plaque tournante pour la contrebande de stupéfiants dangereux.
La région du Sahel est au bord de l’explosion avec une recrudescence des groupes terroristes affiliés à l’Aqmi ou à l’Iran.
La Libye peine à sortir de sa spirale conflictuelle entre factions opposées. La régions de Tindouf ou est logé le polizebbal connaît une intensification des rapports suspects de ces mercenaires avec les groupes terroristes du Sahel ou avec ceux liés à la contrebande.
La main tendue du Roi du Maroc semble donc être la dernière chance proposée aux algériens pour cesser ses hostilités contre le royaume et se résigner à tourner cette page sombre de l’histoire de l’Algérie. Le Monarque propose clairement aux algériens de prendre le train du développement Africain ou le Maroc serait sa principale locomotive. C’est une ultime aubaine pour une construction d’un Maghreb arabe fort, capable de jouer le rôle de jonction entre l’Europe et l’Afrique et entre l’Amérique et l’orient.
La balle est dans le camps algérien. C’est maintenant au peuple de ce pays voisin de choisir la voie qui devrait le mener vers un avenir meilleurs.
Algériens, à vous de jouer…
Mohamed LAZREK